La laïcité, un frein majeur à la croissance de la finance islamique en France

11:30 - August 09, 2021
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Téhéran(IQNA)-Selon le principe de la laïcité du Droit français, les législateurs ne peuvent pas établir des règles spécifiques pour la finance islamique. Ce qui pourrait être un défi majeur pour les services conformes à la charia en France.

Cependant la morale de la finance islamique attire des non-musulmans qui choisissent ce secteur pour leurs activités économiques.

L'un des problèmes auxquels les musulmans sont confrontés dans les pays non musulmans, est le système financier et bancaire non islamique de ces pays, qui a conduit certains musulmans à utiliser le moins possible les services économiques fournis par le système d'investissement et bancaire courant. Certains musulmans n'utilisent même pas les services bancaires habituels.

Le domaine du financement islamique, malgré les obstacles des marchés financiers traditionnels non islamiques, a acquis une bonne position sur les grands marchés financiers européens.

Bien que le volume total des ressources financières islamiques soit encore limité et que la part de l'Europe dans les actifs financiers islamiques mondiaux soit marginale, les secteurs liés à la banque islamique et aux fonds d'investissement conformes à la charia en Europe, ont fait des progrès significatifs.

En 2014, les actifs bancaires islamiques représentaient 0,5% du total des actifs islamiques dans le monde. Le développement des ressources financières islamiques dans les pays occidentaux, est révélateur de la forte demande des riches clients musulmans pour les facilités de dépôt et les services de gestion de fonds conformes à la charia.

La crise financière mondiale de 2007-2008 et le déclenchement de l’épidémie en 2019, ont provoqué une récession généralisée en Europe, comme dans d'autres parties du monde, qui a conduit à un intérêt croissant pour les méthodes financières alternatives au système actuel dans la sphère économique.

Avec une population de plus de 66 millions d'habitants, la France est le deuxième pays le plus peuplé d'Europe occidentale après l'Allemagne, et l'un des membres les plus importants de l'Union européenne en termes de poids économique, politique et de défense. En raison de son histoire coloniale en Afrique du Nord, elle entretient des relations commerciales avec ses voisins musulmans africains. Une partie importante de la population française (plus de 5 millions de personnes) est originaire d'Afrique du Nord, ce qui a accru la demande de services de financement islamique en France.

Plus de la moitié des musulmans français sont intéressés par les prêts bancaires conformes à la loi islamique pour financer leurs maisons, leurs voitures et leurs entreprises. D'autre part, le pouvoir d'achat des musulmans français qui sont majoritairement issus de la classe moyenne, permet au système bancaire de ce pays d’attirer des capitaux.

Sur ce marché, l'entreprise qui peut fournir des produits conformes à la charia, a une grande chance de développement et de croissance sur le marché intérieur. Le marché et les produits halal conformes à la loi islamique, et leur succès sur le marché français, sont une opportunité pour le développement de services de finance islamique comme le Takaful (système islamique d'assurance). D'autre part, l'histoire de l'immigration musulmane en France, montre que la plupart des immigrés ne souhaitent pas retourner dans leur pays d'origine, et ont l'intention de rester en France, ce qui augmente les demandes d'investissements dans l'immobilier, l'emploi et l'éducation.

S'il n'y a pas d'obstacles à la finance islamique en France, son cadre n'est pas clair et les clients doivent être informés sur ses services qui sont généralement complexes à première vue.

Le deuxième problème est le manque de soutien au système de financement islamique en France. En 2008, lorsque Christine Lagarde alors ministre de l'Économie et des Finances, a soutenu la présence du système de financement islamique en France, le soutien du gouvernement a été très insuffisant.

Le soutien politique est un facteur déterminant pour le développement de toute industrie et dans la plupart des pays occidentaux où les ressources financières islamiques ont considérablement augmenté, les gouvernements ont montré leur soutien en adoptant de nouvelles lois.

Un autre facteur de la lenteur du développement du système de financement islamique en France, est que le marché financier islamique dans les pays musulmans comme l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, est relativement sous-développé et fait face à de nombreux problèmes structurels.

Dans le domaine de l'enseignement de la finance islamique dans les universités françaises, malgré les efforts qui ont été faits, ce domaine souffre d'une pénurie de personnel spécialisé. Actuellement, seules deux universités françaises ont un master en finance islamique. Il y a d'autres raisons au développement insuffisant de la finance islamique en France, qui est le manque d'investissements étrangers dans ce domaine par les banques étrangères, et la vision négative de certains Français qui considèrent les services fournis par les institutions financières islamiques comme une opposition à l’intégration.

Pourtant, l'avenir de la finance islamique en France, est très encourageant. La croissance de la population musulmane d'une part, et l'offre de services financiers garantissant le respect des normes sociales d'autre part, ont accru l'intérêt du marché français pour les investisseurs étrangers, notamment les banques et institutions financières du Golfe Persique.

D'autre part, les performances du système de financement islamique lors des crises économiques, ont montré que les économies de pays dynamiques comme la France pouvaient faire bon usage des capacités de ce grand marché mondial.

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