A Berlin, pose de la première pierre d’un lieu de culte commun entre juifs, chrétiens et musulmans

8:42 - May 27, 2021
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Téhéran(IQNA)-La House of One, dont l’inauguration est prévue en 2025, réunira des lieux pour les offices de chaque culte, mais aussi des espaces de rencontres pour favoriser le dialogue interreligieux.

Une utopie ou un signe d’espoir ? Après dix ans de «discussions», le projet de lieu de culte commun entre chrétiens, juifs et musulmans, est enfin lancé avec la pose de la première pierre ce jeudi. «A force de discuter, nous sommes devenus des frères», se félicite le rabbin Andreas Nachama, initiateur de ce projet avec le pasteur Gregor Hohberg et l’imam Kadir Sanci. Le projet intitulé «House of One» offrira trois lieux distincts pour les offices, mais aussi un espace commun de rencontres, de prières interreligieuses et de fêtes communes avec des salles d’études au sous-sol.

En venant à Berlin, on ne pourra pas rater ce bâtiment d’inspiration cubiste, dans le cœur historique de la capitale, conçu pour 47 millions d’euros par le bureau d’architectes berlinois Kuehn Malvezzi. Installé sur «l’île aux Musées», House of One sera construit sur les fondations de l’église protestante Saint-Pierre (Petrikirche), détruite par les bombes de la Seconde Guerre mondiale et rasée par le régime communiste est-allemand.

Mais dès qu’on retourne une brique dans le sol de Berlin, il n’est pas rare de dénicher un ancien nazi. Ce fut le cas cette fois aussi : l’ancien prêtre de l’église Saint-Pierre, Walter Hoff, membre du NSDAP (parti nazi) et décédé en 1977, était connu pour être un «ardent antisémitisme». «Nous ne cacherons pas ce passé», a assuré le pasteur Gregor Hohberg.

Parler d’une seule voix
Financée par l’Etat, la ville de Berlin et par les dons, la «House of One» se définit comme un lieu de rencontre. «Il y a dix ans, beaucoup de musulmans ne pouvaient pas concevoir un dialogue avec les juifs. Cela a changé», assure l’imam Kadir Sanci. «Notre maison représente tous les changements de notre société», ajoute le pasteur Gregor Hohberg, notamment l’émergence d’une communauté musulmane parlant l’allemand et qui «fait partie de l’Allemagne», comme le souligne également l’imam.

Le principal défi de l’institution sera de parler d’une seule voix. «Lorsqu’une question se pose dans notre maison, nous avons toujours plusieurs réponses», constate Roland Stolte, théologien et président du conseil d’administration. «Nous avons choisi de faire l’éloge des différences. Nous avons déjà organisé des conférences pour parler du terme de “peuple élu”, mais aussi celui de “charia”», explique l’imam Sanci, tout en ajoutant : «Nous avons conscience que ce que nous disons n’est pas forcément partagé par d’autres. Nous ne sommes qu’une voix parmi d’autres».

A chaque fois qu’un attentat est commis dans le monde au nom d’une religion, House of One ne restera pas sans réagir. Le dernier affrontement israélo-palestinien a été l’occasion, selon le communiqué commun, de «pleurer avec les familles des victimes […] qui paient de leur vie l’incapacité des responsables politiques de chaque partie à faire la paix». Les trois religieux ont également condamné des actes antisémites qui ont suivi en Allemagne : «Les musulmans ne doivent pas être soupçonnés dans leur ensemble dès que la terreur est légitimée par l’islam. C’est aussi le cas pour les juifs qui ne doivent pas être considérés comme les représentants d’un Etat.» Ouverture prévue en 2025.

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