Les Khojas chiites, une minorité cohérente et influente du sous-continent indien jusqu'en Afrique de l'Est

10:33 - March 16, 2019
Code de l'info: 3469013
Les Khojas sont un groupe apparu en Inde il y a 600 ans, avec la combinaison de la religion hindoue et de l’école ismaïlienne, qui se sont peu à peu divisés en plusieurs groupes, certains d'entre eux ayant accepté le chiisme duodécimain.
Aujourd'hui, les Khojas se trouvent en Afrique de l'Est, en Inde, au Pakistan, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Europe occidentale et en Amérique du Nord, où ils exercent une influence particulière dans les questions économiques et commerciales, ainsi que dans les activités caritatives et religieuses. Le dénominateur commun de tous ces groupes est le statut socio-économique élevé de leur organisation.
 
Il y a environ 600 ans, l'un des propagateurs de l'islam, Pir Sadr-ed-din, est entré dans la région du Sind en Inde. On dit qu'il était de la secte ismaïlienne, certains le considérant également comme un soufi iranien. Il propagea sa religion parmi un groupe de riches hindous, les Lohana. Sadr al-Din appela ses disciples "Khajeh", ce qui en persan, signifie une personne distinguée, et ce titre devint plus tard "Khojas".
 
Au cours des siècles, plusieurs autres soufis de Machhad sont venus en Inde pour promouvoir cette religion, et les idées des Ismaéliens se sont répandues dans cette région. Cette tendance s'est intensifiée, en particulier après la première visite d'Iran d’Aga Khan en Inde, lors du Ramadan en 1844. Jusque-là, la population des Khojas s'était accrue dans la région de Gujarat. Certains d'entre eux allèrent à Bombai et à Mascate. Ils payaient leur zakat aux congrégations et étaient parfaitement en harmonie avec la communauté qui les entourait.
 
خوجه‌های اثنی‌عشری، اقلیتی منسجم و  پرنفوذ/ ادیت شده
Après la première visite d'Aga Khan en Inde, l'attention fut portée sur les affaires de la communauté et cela conduisit à certains désaccords. Certains groupes se sont séparés des communautés comme la famille de Habib Ibrahim, une famille influente, qui avait refusé les commandements d'Aga Khan sur la nécessité de lui verser les dons obligatoires islamiques, et dont les membres se sont convertis plus tard au sunnisme.
 
Au début du XIXe siècle, un certain nombre de Khojas se rendirent à Najaf pour le pèlerinage, où ils rencontrèrent le cheikh Zain-al-Abedin Mazandarani, célèbre référence religieuse de l'époque. Au cours des réunions avec ce religieux, ils se rendirent compte qu'ils avaient besoin d'un chef religieux en Inde, pour les diriger. 
خوجه‌های اثنی‌عشری، اقلیتی منسجم و  پرنفوذ/ ادیت شده
Dans les années 1860 à 1870, un religieux indien nommé Mullâ Qâdir Husayn qui étudiait à Karbala, rencontra un groupe de Khojas de Zanzibar et de Bombay. Mulla Qâdir leur apprit à lire le Coran, les enseignements islamiques et la manière correcte de prier et de parler de la grandeur de l'Imam Ali (as) qu’ils considéraient comme la dixième manifestation de Vishnu. Mullâ Qâdir Husayn se rendit ensuite à Bombay, où il fonda une école dans laquelle il enseignait les croyances chiites.
 
À la fin des années 1880, un autre membre du clergé nommé cheikh Aboul Qasim Najafi, quitta l'Iran pour propager le chiisme à Bombay. Avec l'aide d'importants commerçants iraniens, il organisa la prière du vendredi pour la première fois à Bombay, et enseigna le chiisme aux Khojas de Bombay qui n'avaient pas aucune mosquée ni centres religieux pour organiser leurs cérémonies.
 
En 1899, les Khojas chiites établirent officiellement leur assemblée à Bombay. Aga Khan et ses partisans essayèrent de les forcer à dissoudre la congrégation. Cependant, les chiites, sous la direction de Mulla Qâdir et du Cheikh Aboul Qassim Najafi, se développèrent dans cette région malgré le boycott d’Agha Khan et sa répression économique.
 
خوجه‌های اثنی‌عشری، اقلیتی منسجم و  پرنفوذ/ ادیت شده
La communication indienne avec les régions côtières de l'Afrique de l'Est remonte à des centaines d'années. Parmi les marins indiens, un certain nombre de marchands Khojas avaient des relations avec les Africains. Les Khojas se sont donc dispersés dans toute l'Afrique de l'Est et ont ensuite appelé leurs parents et amis de l'Inde à venir dans ces régions. Ils ont établi des mosquées, des écoles religieuses et des centres d'éducation spécialisée en Afrique de l'Est, et créé de grands centres de bienfaisance. Les Khojas se trouvaient déjà en Afrique, sous la domination allemande sur le Tanganyika, la souveraineté britannique sur certaines parties de l’Afrique de l’Est, la domination française à Madagascar, de l’Italie en Somalie, de la Belgique au Congo et du Portugal au Mozambique.
 
Les centaines de Khojas qui avaient migré en Afrique pour améliorer leurs conditions de vie, ont constitué une diaspora présente partout dans le monde. Ils sont présents en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Europe de l'Ouest et en Europe de l'Est. Un quartier de l'ouest de Jakarta, capitale de la République d'Indonésie, s'appelle « Pekojan » : "Quartier des Khojas", à cause d’une communauté d'Indiens musulmans qui habitaient là, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle. L’organisation « Bilal Muslim Mission », la WIPAHS (World Islamic Propagation and Humanitarian Services) et la Fédération africaine chiite (World Federation of KSIMC Hawkeye Tweed) sont les plus importantes organisations chiites d’Afrique de l’Est. Le secrétariat de la Fédération mondiale des Khojas chiites est basé à Londres.
 
Il existe actuellement 125000 chiites Khojas en Inde et au Pakistan, une population en Afrique de l’Est et un certain nombre de familles Khojas en Iran et dans les États du Golfe Persique, aux États-Unis et au Canada.
 
Les Khojas sont très attachés aux prières quotidiennes et organisent des cérémonies de deuil le jour d'Ashura. Dans le passé, ils suivaient les règles religieuses donnée par l’Ayatollah Seyed Aboul Qassim Khoi, puis celles de l'Ayatollah Seyed Mohammad Reza Golpaygani et à présent, celles de l'Ayatollah Sayed Ali Sistani. 
 
Les Khojas ont une organisation très cohérente et organisée qu’ils ont héritée de leurs antécédents historiques dans la religion ismaélienne. Cela a conduit à la création de nombreuses organisations à travers le monde, dans le cadre d'activités de service, sociales, éducatives et culturelles, comme le groupe du Croissant d'or, le centre Fayez Hosseini, le club Jaafari, les associations caritatives chiites de Dar-ol-Salam, l’association des jeunes et l’association Zainabieh.
 
Toutes les activités des Khojas chiites sont placées sous les auspices de la Fédération mondiale des communautés de Khojas chiites, (The world Fédération of Khoja Shia Athna Ashari Communities) qui se réunit une fois tous les trois ans.
 
Les décisions prises lors de cette conférence sont obligatoires pour toutes les fédérations de la région. La politique générale sur le choix des références religieuses, le paiement du khums et de la zakat ... relèvent de la responsabilité de cette organisation qui refuse également d'entrer en politique et de prendre position vis-à-vis des incidents politiques. L'organisation a été créée à Londres en 1976, et compte 24 membres et quatre fédérations régionales (Afrique, Amérique du Nord, Asie et Australie).
 
La majeure partie des revenus des organisations, y compris des fédérations internationales et régionales, et de leurs organisations affiliées, est financée par des riches Khojas chiites résidant en Afrique de l'Est et en Amérique du Nord. Souvent, ces personnes sont de grands commerçants qui chaque année, versent une partie de leurs bénéfices aux responsables fédéraux ou régionaux de la communauté qui, avec l'autorisation de l'Ayatollah Sistani, consacrent une partie de la part de l'Imam (as) et des Sadat, aux membres de la congrégation pour mener des activités de propagation religieuse et de construction.
 
La Bilal Muslim Mission, fondée par Sayed Sa’id Akhtar Razavi et d'autres dirigeants chiites en Tanzanie en 1967, est un centre d’enseignement de l’école des Ahl-ul-Bayt (AS), placé sous les auspices du Conseil suprême, qui a créé plusieurs centres d’enseignement islamique à Dar-ol-Salam. Les services de l'organisation sont réservés aux chercheurs chiites noirs, et fournissent une aide financière lors des catastrophes naturelles, pour la construction de maisons de retraite et autres, grâce à l’aide financière des membres et des chiites.
  
Sources : https://www.world-federation.org/
https://www.kpsiaj.org/kpsiaj/content.aspx?t=۴
www.dewani.ca/historyofkhojas.pps
http://ismaili.net/mirrors/۲۰۲_khoja/abdgkhja.htm
https://docplayer.net/۲۲۵۱۵۹۷۵-Khoja-shia-ithna-ashari-jamaat-melbourne-patron-sheikh-mujahidali-sheriff.html
https://www.collectionscanada.gc.ca/obj/s۴/f۲/dsk۱/tape۹/PQDD_۰۰۱۲/MQ۴۱۷۱۴.pdf
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